samedi 2 février 2013

opération réussie, la madame est contente !

Hier, le premier février 2013, fut une journée remplie d'émotions. En fait, c'est à ce jour ma troisième opération pour le cancer de mon nez. C'est la chirurgie la plus importante à mes yeux puisqu'on m'enlève enfin la trompette qui me trône en plein milieu du visage et qui me décore pas très avantageusement ! En souvenir, voici la photo de mon dernier jour avec miss trompette !!!



On m'a demandé de me présenter au département d'admission à 6h du matin. Nous nous sommes levés à 4h15 du matin pour quitter la maison à 5h00.

Arrivée à l'hôpital à 5h40, nous avons stationné la voiture dans le stationnement (payant bien sûr) et nous avons marché très rapidement vers l'entrée principale qui est, pour moi, à l'autre bout du monde. Ma trompette ne doit pas être exposée au froid et je ne pensais pas la porte si loin, donc je me suis dit qu'en mettant un foulard dans mon visage,ça serait correct. Mais avec une trompette, j'peux pas vraiment me mettre un foulard sur le nez car rien ne doit entrer en contact avec la greffe alors c'est toute une amanchure !!!

Arrivée à la porte d'entrée principale il y a une affiche avec la note : Les portes ouvrent à 6 heures

J'peux quand même pas rester dehors 20 minutes à -15 degrés celcius !!! Y'a pas un chat dehors, alors on rebrousse chemin vers la voiture.

6 heures pile, on entre dans l'entrée principale et là ohhh surpriiiiiise, il y a déjà une cinquantaine de personnes dans le corridor de l'admission. On nous appelle par priorité, et je ne dois pas être super prioritaire car il ne reste environ que 6 personnes quand on m'appelle à 7h30.

Nous montons au département de la chirurgie d'un jour. Il y a au poste 2 infirmières et une dame habillée en civile donc probablement une secrétaire ? Nous sommes plantés-là à attendre leurs directives. Pas de "bonjour" ... pas de " un p'tit instant svp" ... nenon ... on ne nous regarde même pas.
Mais nous dans la file on ne peut qu'observer trois airs bêtes ruminants je ne sais trop quoi. J'imagine qu'il doit manquer du personnel ce matin, genre de maladie subite du vendredi, et là les infirmières capotent. J'peux très bien les comprendre mais en même temps, juste s'étirer les coins de bouche ne serait-ce que le temps de nous acceuillir, ça serait déjà ça.On a tous reçu une enveloppe contenant notre dossier tantôt à l'admission et on ne sait pas trop quoi faire avec. Y'a un patient qui a osé dire ...
"ben on fait quoi-là" ... et l'infirmière de répondre sans regarder " mettez ça en pile là .. sans rien pointer " ...

"là" chère dame, ça peut vouloir dire n'importe ou... Ça peut être à gauche, à droite, parterre...

C'est avec un soupiiiiiiiir d'exaspération qu'elle a répondu " sur le comptoir là là .... en pile, on va vous appeler.

Y'a 6 chaises déjà toutes occupées dans la minuscule salle d'attente et on est plus d'une douzaine debout dans l'entrée. 2 chaises se libèrent, j'me garoche dessus. la charmante infimière nous a dit sur un ton pas très sympathique et je cite textuellement :
" sortez dans l'corridor vous asseoir sur le bord de la "bay window" !!!
Quel comité d'accueil !!! C'est drôle mais ça nous donne plus le goût de se jeter en bas de la bay window que de s'asseoir sur le bord ! Moi je suis chanceuse, je reste dans le département. Un monsieur arrive à mes côtés, il me dit que l'infirmière vient de lui annoncer que son opération est à
15 heures et qu'il manque de lit donc de s'asseoir sur sa chaise et elle va tenter de lui trouver une civière avant 15 heures !!! C'est donc ben broche-à-foin ici !

Il est 9h30, j'ai toujours mon manteau sur le dos, personne ne m'a fait signe et je commence à perdre le peu de patience qu'il me reste. Je prends une grande respiration et me dirige vers une infirmière. J'ai presque peur. Je marche littéralement sur des oeufs, j'ai peur de me faire chicaner comme un enfant pis en même temps, je m'en fou pas mal... c'est assez confu comme sentiments n'est-ce pas !
"est-ce que je peux savoir ce qui se passe avec mon opération ??? " Elle consulte sa feuille ...
" Ohhh vous êtes madame Hélène Trompette, euhhhh je m'excuse mais votre opération a été cancellé, regardez sur ma liste, c'est tout barré et écrit annulé "

Je n'ai pas vu la face que j'ai faite mais 2 infirmières l'ont vue. Je pense que j'ai fait peur !!! Y'en a une qui m'a dit ... ne paniquez pas madame, je vais téléphoner pour avoir la raison. Finalement elle reviens en me disant... " on s'excuse on n'a pas cancellé la bonne personne !!! vous allez être opérée à 13 heures. Venez avec moi...  Je la suis donc en me disant "me semble que ça tourne carré ici, j'ai jamais vu ça" ...et c'est l'expérience qui parle, j'en ai vu d'autres.

J'ai eu mon lit... si on peut appeler ça un lit. Le rideau qui sépare les civières embarque par-dessus la barrière de sécurité de mon lit !!! une vrai joke. Quand mon chum veut aller s'asseoir sur la p'tite chaise en métal, il doit pousser mon lit pour passer de côté. Je n'ai pas d'oreiller car il en manque dans le département. Kesséça s't'affaire-là ??? Manque de lits, manque d'oreillers... youhou... je m'en vais me faire opérer, pas enlever une verrue plantaire ! Alors je me suis levée pour une p'tite promenade et je suis allée voler un oreiller ... débrouillarde la madame hein !!!
Voici en photo  le beau département à l'ambiance de salon mortuaire.


Le questionnaire médicale, la prise des signes vitaux, ça se fait sur la p'tite chaise au poste devant tout le monde car y'a pas de place là ou on nous a casé. J'ai pu me divertir à entendre des conseils palpitants comme
"monsieur je vais devoir passer un q-tips dans votre rectum... madame c'est l'heure de votre lavement ... ou encore : mon Dieu madame, votre pouls est à 118, avez-vous déjà eu des problèmes cardiaques " ... Bonjour la confidentialié des dossiers et vive le secret professionnel !!!
 
 
J'me sens comme dans un placard à balais...
 
J'ai tout juste assez d'espace pour bouger les orteils !!!

L'infirmière m'a demandé de passer un test de grossesse avant de partir à la salle d'opération.
"Madame, regardez dans mon dossier, je n'ai plus d'utérus ni d'ovaire alors j'ai pas grand chance de l'être ce matin." J'pense pas qu'un bébé peut se développer dans ma vessie.  Même si la note est dans mon dossier, c'est obligatoire, c'est le protocole...Ben y devrait peut-être modifier un jour le fameux protocole, une p'tite ligne disant ... sauf les femmes sans utérus, personne n'a jamais pensée à ça ???
Non mais on en fais-tu du gaspillage pour rien dans les hôpitaux...pis allo la perte de temps !!!

J'ai enfin quitté pour me rendre en salle d'opération à midi. Mon chirurgien est venu me voir et je lui ai dit à la blague que je lui laissais le temps d'aller dîner afin qu'il ne m'opère pas en hypoglycémie, j'veux pas qui se mette à trembler en faisant mes points de suture !!! Mon doc était dans une super forme, souriant, blagueur. Il s'est accoté sur ma civière pour faire jasette. Il peut être tellement adorable, j'adore son sens de l'humour. Il m'a demandé si je voulais garder ma trompette !!! J'ai répondu Ouiiiii, je vais planter un arbre en souvenir !!! Le brancardier est venu chercher la civière pour la rentrer dans la salle d'opération...le chirurgien lui a dit, j'capable de faire ça, j'vas emmener ma p'tite madame !!! Et il l'a fait !!! Y'avait toute une ambiance dans la salle d'op, vraiment, tout le monde était super de bonne humeur, ça rassure une p'tite madame stressée.

On m'a laissé le choix entre l'anesthésie locale ou générale....endormez-moi au plus sacrant ! Moi j'veux pas voir ça, une heure et demi de gossage dans mon visage, ohhhh que non. Là y'a l'anesthésiste qui a étendu mon bras pour mettre le soluté et surpriiiiiise, il y a un stagiaire avec lui. J'ai averti le chirurgien que personne d'autre que lui n'a le droit de jouer dans ma face mais bon, là c'est pour un soluté alors, c'est correcte. Pauvre stagiaire, y'a planté l'aiguille pis y s'est mis à picosser pour trouver la veine... pas capable ! Même un pro a de la difficulté alors ça ne me surprend pas.
J'ai regardé l'anesthésiste avec mes yeux de piteux pitou et je lui ai dit : yé pas question de me faire opérer réveillée alors trouvez ma veine svp svp svp svp svp !!! Il m'a répondu avec son p'tit accent vietnamien :
" ok ma p'tite dame, prenez une grande inspiration, ça va piquer comme un gros maringouin du Lac St-jean !!!" Moi je dirais plus comme une douzaine de maringouins mais ça a fait la job, 2 secondes plus tard, pouffff, j'étais partie !!!

1h30 en salle d'opération, 1 heure en salle de réveil, retour au département avec un gros mal de tête et mal de groge. On m'offre 2 tylenol, j'en aurais besoin d'une bouteille complète mais bon...on s'arrange avec les moyens du bord. J'avais penser apporter mes tylenol avec codéine, heureusement !!! J'ai peur de voir ce  que j'ai l'air. Quand j'ai eu ma reconstruction, ça a été tout un choc de me voir aussi défigurée. Là je m'imaginais tout plein de points de suture, des pansements, un nez enflé de la largeur de mon poing. Le chirurgien a aussi opéré la cicatrice de mon front car 2 points de suture sont restés pris là et ce sont infectés. J'ai eu le droit à un coktail cortisone-antibio intraveineux. Alors je ne savais pas l'état de mon front non plus. J'ai demandé à mon chum de sortir le miroir de ma sacoche. Je pense à tout !!! Quand je me suis vue, j'ai CAPOTÉ ... c'était au-delà de mes espérances, à la limite je me trouvais super belle !!!
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30 minutes après être revenue au département, j'étais assise sur ma civière prête à partir. Faut attendre 1 heure, c'est le protocole. Alors quand ça a fait 1 heure, j'étais déjà habillée et prête à partir. Mon mal de gorge s'est fait de plus en plus intense... je ne pouvais presque plus parler ni avaler.

Je dois avouer que les infirmières, une fois tout les patients dans leurs civières, ont pour la plupart retrouvés leur sourire et sont devenues plus détendues. Celle qui s'est occupé de moi durant la journée a été très sympatique. Je comprends que le stress, le manque de personnel et la gestion aussi d'un département de chirurgie, c'est pas évident et je ne voudrais pas être à leurs places. Mais c'est pas la faute du patient et je peux vous dire que lorsqu'on arrive le matin avec ses pantouffles pis sa robe de chambre dans son p'tit sac en plastique, on se sent pas vraiment hop la vie et détendu. Y'a vraiment un problème de gestion du département. Comment ça se fait que la veille au soir, le département n'est pas en place pour la journée du lendemain, les lits faits avec des oreillers et aussi avec les noms de patients attribués à chaque civière. Le patient arrive, c'est pas compliqué,,, prenez la civière numéro 5, mettez la jolie jaquette bleue la craque par en arrière, l'infirmière va venir vous voir. Ce matin, c'était un vrai bordel !
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Je décerne la palme d'or à la dernière infirmière qui a préparé mon départ, tellement souriante, gentille, drôle... j'aurais bien aimée être accueillie par cette jolie dame ce matin, ça aurait bien parti la journée ! Mais bon, au moins ça termine en beauté !

Rendue à la maison, mon chum m'a préparé une p'tite soupe de malade... un vrai festin !!!

 
 
Dans la soirée, le mal de gorge s'est intensifiée, comme si on m'avait arraché les amygdales. J'me fais opérer pour le nez et c'est la gorge qui me souffrir...trouvez l'erreur !!! Et là, la lumière fut... j'ai tout compris. Pendant la chirurgie, une fois endormie, on doit intuber le patient. Ça veut dire lui rentrer un tuyau genre boyau à balayeuse dans la gorge pour assistance respiratoire. Qui a fait la tentative pour entrer ce joli boyau dans ma gorge... ben ça soit être le stagiaire !!! Y'était quand même pas là pour me regarder dormir hein ??? J'pense qu'y a couler son examen !!! J'ai regardé avec une lampe de poche, j'ai une coupure qui a saignée sur mes amygdales. J'ose espérer que j'étais son premier cobaye... ça prend un début à tout ! Une chance que j'ai des antibiotiques ...


je vous mets en photos un résumé de tout ça, ma super saga qui n'est pas encore terminée mais qui est sur une bonne voie.... je commence avec l'avant- pendant -après trompette.


Photo prise quelques jours avant les biopsies, Aôut 2012

 
Le choc du réveil, opération de reconstruction avec technique de lambeau frontal
(qu'on surnomme la trompette)
17 Décembre 2012


 
photo du 25 janvier 2013
40 jours après la chirurgie de reconstruction

 
 
 
*** les 3 photos suivantes ont été prises le soir de ma chirurgie du 1er février 2013, chirurgie ou on a retiré le lambeau frontal (trompette) ***
 
1er Février 2013
Chirurgie bye-bye trompette 
Voici ce que j'ai l'air le soir de la chirurgie

vue de mon plus beau profil !
 
 vue de mon profil du côté de la greffe. On dirait que j'ai une grosse cloque suite à une brûlure,
c'est la greffe qui est un peu trop blanche mais avec le temps, prendra la couleur de la peau de mon nez. Les rougeurs sont causées par une réaction inflammatoire normale et aussi petite réaction allergique à la colle utilisée pour faire tenir la greffe sans mettre trop de points de suture.
(déjà ce matin il n'y a presque plus de rougeur...la madame est trrrrrrès contente !)

Voilà ou j'en suis rendue, prochaine rencontre avec le chirurgien vendredi prochain. Je devrai subir sous peu une autre intervention chirurgicale qui consistera à soulever la greffe pour aller l'amincir. J'aurai quelques ajustements par la suite puis on verra pour la dermabrasion. Cette étape consistera à enlever toute la peau du nez pour qu'elle se refasse de façon plus uniforme.

Mon nez est trop enflé pour mettre mes lunettes ... et en fait, je ne les trouves plus. je les ai mis à quelque part pour ne pas les perdre ... c'est mon genre ça !!!

Voilà, on garde courage, ça va déjà mieux, c'est encourageant. C'est plus facile de s'accepter sans trompette !!!